La relation patient-thérapeute

Nous réfléchissons depuis quelque temps à la dégénérescence de la psychologie, à sa déshumanisation et à ses échecs depuis ces dernières décennies.

Nous ne pouvons l'expliquer que par ce que la notion de Psi et fou associés, a généré progressivement de peur chez les médecins, le public faussement informé par des médias ignorants et chez certains professionnels de la psyché humaine toutes spécialités confondues, psychiatres, psychanalystes, psychothérapeutes, psychologues etc..

En effet que de précautions, de règles toujours plus nombreuses, révélatrices de cette peur qui déshumanise ces professionnels.

Nous sommes taxés d'inconscient pour ne pas dire de dangereux et d'incompétents lorsque nous acceptons en cure de thérapie de l'inconscient des membres d'une même famille, parents, enfants, mari et épouse, en séance individuelle, en thérapie de couple et qui plus est en séminaire de plusieurs jours, pendant lesquels, parallèlement aux séances de thérapie de groupe, nous mangeons ensemble, nous faisons les courses pour nos repas et même nous nous divertissons à l'aide de jeux de société, de promenades, de baignades en rivière etc..

Freud, Jung avaient des relations conviviales avec certains de leurs patients et de leurs élèves.

Marie Bonaparte est un exemple célèbre de cette amitié avec Freud qui était aussi son analyste.

Plus près de nous René Laforgue hébergeait, partageait les vendanges avec ses patients et ses élèves. L'exemple le plus connu est celui de Françoise Dolto en cure en même temps que son frère chez René Laforgue.

Que de règles édictées depuis pour tenir à distance, thérapeutes, patients et élèves !

Le résultat le plus frappant de cette déshumanisation est le peu de résultats thérapeutiques pour les patients soumis à une telle distance que rien ne justifie si ce n'est la peur des thérapeutes et leur prise de pouvoir par un statut qui les isole de plus en plus et les rend de plus en plus inefficaces.

Je ne dis pas qu'il ne faut pas se protéger des personnes les plus perturbées, mais sans être un sage ou un bouddha, un thérapeute qui par un long travail d'introspection et de connaissance de ses acquis et de ses points faibles, devraient être à même de voir ce qui est possible et ce qui ne l'est pas.

Ce qui est commun au thérapeute et au patient c'est qu'ils sont tous deux des êtres humains en devenir, quelque soit leur couleur ou leur névrose.

Ce qui nous est commun c'est la nourriture essentielle d'une relation et d'une communication vraie, simple sans laquelle nous nous déshumanisons quelles que soient notre savoir intellectuel ou notre statut social.

Certes c'est le rôle du thérapeute qui voit en lui de transmettre un peu de lumière pour que l'autre apprenne à voir par lui même, ce qui lui permettra de guérir de sa souffrance et d'avoir accès à son propre rythme à plus de liberté, de bien être, de joie, donc de bonheur de vivre.

C'est aussi cela la solidarité par différence avec la peur qui nous pousse à l'égocentrisme.

Le thérapeute qui tend à se délivrer totalement de ses souffrances et de ses peurs peut y parvenir grâce à ses patients proches, très proches, qui sont stimulants et révélateurs du chemin encore à parcourir avant d'atteindre le sommet de la montagne.

L'élève est déjà le maître en devenir et le maître est l'élève en devenir d'un Amour, d'une Compassion, d'une Paix, d'une Sérénité sans contraires et définitives.

 

M.C.